
Education, que dit le Coran

Notre système d'éducation actuel est un parfait exemple de modèle antinomique aux valeurs du Coran : non-liberté de choix dans les apprentissages, système basé sur le principe de punitions-récompenses, relation apprenant/enseignant asymétrique et verticale, compétition entre les élèves, conformité, etc. Quand nous comparons cela aux valeurs du Coran, cela doit nous sembler contradictoire et dénué de sens. En effet, la liberté de choix par exemple, est un cadeau fait à l'humanité. De plus, il n'y a nulle contrainte en religion. Pourquoi devons-nous alors accepter les exigences et les contraintes institutionnelles imposées par les autorités concernant l'éducation de nos enfants ? Que nous enseigne le Coran et en quoi notre système d'éducation actuel est contraire aux principes du Coran.
Une école Industrielle : un pléonasme ?
L'école que nous connaissons aujourd'hui a été conçue en réponse à l'évolution de notre société ; depuis le XIXe siècle, nous sommes passés d'une société agraire et artisanale vers une société à dominante commerciale et industrielle. C'est la révolution industrielle. Comme l'explique Sir Ken Robinson dans son livre Creatives Schools (2015) , « les industries avaient besoin d'armées de travailleurs manuels pour le labeur répétitif et épuisant des mines, des usines, des chemins de fer et des chantiers navals. (...) Ainsi, l'industrialisme nécessitaient davantage de travailleurs manuels que de diplômés de l'enseignement supérieur ».
Par conséquent, les bouleversements engendrés par cette révolution ont contraint les sociétés à organiser des systèmes d'éducation dites de « masse » afin de répondre aux besoins de ces industries. L'accent a donc été mis sur les enseignements de base : la lecture, l'écriture et le calcul. Ces matières dites « élémentaires » seront donc érigées comme des standards. Standards que l'on retrouve dans les processus industriels requérant des procédures et des normes afin de produire des biens identiques et conformes.
Aussi, selon Sir Ken Robinson, la standardisation s'appliquerait bien à l'école. En effet, les contenus pédagogiques sont conçus en fonction d'un programme que l'on doit scrupuleusement respecter, la journée est divisée en heures d'enseignements et les matières sont séparées comme on sépare les tâches à la chaine. Enfin, les enfants sont répartis selon la même catégorie d'âge. Comme si leurs caractéristiques principales étaient leurs dates de fabrication ! (Voir vidéo YouTube Changing Education Paradigms de Sir Ken Robinson).
Tout le monde apprend alors la même chose au même moment. La créativité des enfants ainsi que leur autonomie se retrouvent entravées. Il n'y a donc peu, voire plus, de place pour la réflexion, la liberté de choix dans les apprentissages et la curiosité. Le but étant clairement de former des futurs adultes dénués d'esprit critique, de parfaits exécutants, afin de répondre aux exigences de notre société.
Les enseignements du Coran : l'esprit critique
Que nous enseigne le Coran concernant l'importance de l'esprit critique pour notre salut ?
[Coran 37:69] Ils ont trouvé leurs parents égarés.
[Coran 37:70] Et ils ont aveuglément suivi leurs pas.
[Coran 2:170] Quand il leur est dit : « Suivez ce que Dieu a révélé en ceci. » Ils disent : « Nous ne suivons que ce que nous avons vu faire nos parents. » Et si leurs parents ne comprenaient pas et n'étaient pas guidés ?
[Coran 2:171] L'exemple de pareils mécréants est celui des perroquets qui répètent ce qu'ils entendent de sons et d'appels, sans comprendre. Sourds, muets et aveugles ; ils ne peuvent pas comprendre.
[Coran 11:109] N'aie aucun doute concernant ce que ces gens adorent ; ils adorent exactement ce qu'ils ont vu leurs parents adorer. Nous leur donnerons leur part due pleinement, sans réduction.
[Coran 31:21] Quand on leur dit : « Suivez ces révélations de Dieu », ils disent : « Non, nous ne suivons que ce que nous avons trouvé nos parents faire. » Et si le diable les menait à l'agonie de l'Enfer ?
[Coran 17:36 Tu n'accepteras aucune information, à moins que tu ne la vérifies par toi-même. Je t'ai donné l'ouïe, la vue et un cerveau, et tu es responsable d'en faire usage.
[Coran 49:10] Ô vous qui croyez, si une personne pernicieuse vous apporte une quelconque nouvelle, vous investiguerez d'abord, de peur que vous ne commettiez une injustice envers des gens, par ignorance, puis ne deveniez navré et plein de remords pour ce que vous avez fait.
Par ces versets, nous comprenons qu'il est de notre devoir de faire preuve de responsabilité et de vérifier les informations. Cela nous parait évident mais notre tendance humaine et notre propension à la facilité fait que nous ne prenons pas forcément l'habitude de questionner systématiquement les informations et de vérifier leurs authenticités. Nous pouvons être alors plus vulnérables moralement et auront tendance à suivre, effectivement, les traditions et/ou ce que nos parents adoraient. Cette tragédie humaine est due en partie à notre éducation. En effet, transmettre le sens de la responsabilité et du questionnement est fondamental si nous voulons que nos enfants soient libres et éclairés. Selon Robinson, la pensée critique est une qualité importante et doit être enseigné à l'école. Elle permet d'analyser les informations et les idées et permet en outre de développer argumentations et jugements.
Enfin, « à l'ère du numérique, nous croulons sous les informations, les opinions et les idées et il est plus qu'important pour les jeunes de les aider à distinguer les faits des opinions, la raison de la déraison et la sincérité de la supercherie » (Sir Ken Robinson, Creatives school, 2015).
Nous verrons plus tard que l'école est un lieu idéal pour déformer les esprits de nos enfants afin de les conformer aux normes de la société et ne favorise en aucun cas la « zététique », ou l'art de la pensée critique.
Quand l'école détruit la créativité...
Comme vu précédemment, les programmes sont érigés comme des dogmes à suivre à tout prix et ce, au détriment des envies, de la sensibilité de chacun et surtout au détriment de leur incroyable intelligence. Les enfants sont étouffés par les exigences imposées par les instituions et perdent peu à peu leur esprit créatif et innovant.
D'après Robinson, la créativité, par exemple, est une habilité extrêmement importante et elle est à prendre en compte au même titre que l'alphabétisation. D'après lui, la créativité « est la capacité à avoir des idées originales qui ont de la valeur » et il est primordial et impératif de cultiver cette faculté chez l'enfant qui vit dans un monde où un nombre grandissant de métiers vont disparaître. Ce ne seront plus les personnes qui auront eu de très bonnes notes à l'école ou d'excellents diplômes qui pourront tirer leurs épingles du jeu mais bien les esprits créatifs. Aussi, une autre notion importante à prendre en compte et qui est essentielle à la créativité est la « pensée divergente ». Bien que cette dernière ne soit pas synonyme de créativité, la pensée divergente est la capacité à avoir plusieurs réponses à une question, à considérer la question sous plusieurs angles. Tout le contraire d'une pensée linéaire et convergente qui suggère une seule réponse à une question. L'exemple parfait de ce mode de pensée utilisant la pensée linéaire est bien nos institutions scolaires ; une seule bonne réponse est admise et c'est celle de l'enseignant.
Un test a été réalisé par les chercheurs George Land et Beth Jarman (Breakpoint and Beyond, Land et Jarman, 1992) sur des enfants de maternelle (4/5 ans) afin d'évaluer, entre autres, leur créativité. Le but du test était de répondre à la question suivante : quelles utilisations pouvez-vous faire d'un trombone ? Il est assez facile d'imaginer une dizaine ou une quinzaine de réponses. Mais au-delà d'un certains nombres de réponses (fixé par les chercheurs), les personnes étaient considérées comme des « génies » de la pensée divergente. Les résultats obtenus montraient que 98% des enfants de 4/5 ans avaient cette faculté ! Ce test a été réalisé ensuite sur ces mêmes enfants à l'âge de 10, 15 et 30 ans. Le pourcentage n'était plus que de 30%, 12% et 2% respectivement.
Selon Robinson, la conclusion de cette étude est que : premièrement, nous avons tous cette capacité. Autrement dit nous sommes tous des génies de la pensée divergente. Et deuxièmement, cette capacité se dégrade avec le temps. Selon Land et Jarman (auteurs de l'étude), « Le comportement non-créatif est donc appris ! ».
Par conséquent, la cause principale de ce gaspillage et sabotage intellectuel serait donc l'école. En effet, l'éducation reçue est beaucoup trop rigide et didactique et ne favorise en aucun cas la pensée libre et critique. Les enfants restent beaucoup trop dépendants des remarques de l'adulte. Ils perdent peu à peu leurs élans individuels. Selon Céline Alvarez, dans son ouvrage les Lois naturelles de l'enfant, « la nature pousse l'enfant à apprendre de la manière la plus puissante qui soit ; en lui donnant envie de manière intrinsèque d'en savoir toujours plus ».
C'est donc en étant intrinsèquement motivé que nous pouvons apprendre de manière durable et efficace ; cette force et motivation endogène permettent non seulement de ressentir du plaisir en apprenant mais ancrent aussi solidement les savoirs.
Ce n'est que comme cela que les enfants apprennent réellement ; en expérimentant par eux-mêmes et en aimant ce qu'ils font. Comme le disait Confucius ; « l'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte ».
Encore une fois, tout le contraire du système académique ! L'enfant apprend en fonction des exigences de l'adulte. Le principe de punitions/récompenses en est un parfait exemple. Ce qui, comme nous le savons, est totalement inefficace, et de surcroît, destructeur. Selon Idriss Aberkane, lorsque nous promettons aux personnes des récompenses, nous les rendons « cognitivement plus étroits ». En effet, la source principale de leur motivation est la récompense. Ainsi, leur créativité s'en retrouve fortement réduite car l'objectif n'est pas de trouver la solution mais bien d'obtenir la récompense. C'est cette méthode de la « carotte et du bâton » qui est utilisée dans notre système d'éducation. Le résultat est que nous obtenons des adultes complétement conformés, dénué de sens critique et d'inventivité, incapable de faire preuve de flexibilité cognitive.
... et devient oppressante !
Il n'est pas insensé d'affirmer qu'il existe bel et bien une oppression de la part de cette immense machinerie à broyer qu'est l'école. En effet, nous avons pu voir dans la section « Quand l'école détruit la créativité », comment l'école peut se montrer oppressante en éteignant peu à peu la créativité des enfants. Mais également, une légende tenace et ancrée dans l'inconscient collectif veut que, pour devenir un être à part entière, nous devons passer obligatoirement par la case « école ». Comme le souligne très justement Thierry Pardo (docteur et chercheur indépendant en éducation), cette réussite par l'école est un mythe puissant et fondateur ; éducation et école sont même devenues quasi synonyme !
Il compare l'école comme une église, avec ses mêmes règles contraignantes et ses mêmes leviers afin de ramener dans le droit chemin la brebis égarée. La pression de la société nous force à nous plier aux règles implicites concernant la scolarisation de nos enfants. Et pour cause, les parents faisant du homeschooling par exemple (école à la maison), sont perçues comme des parias. C'est cette idéologie, communément acceptée, que nous devons combattre.
En imposant cette dictature intellectuelle, les enfants perdent peu à peu leurs repères intérieurs et le sens de la remise en question ; c'est toute l'intelligence humaine qui est tuée dans l'œuf ; n'est-ce pas la définition même de l'oppression ?
Que nous dit le Coran quant à l'oppression et
l'attitude à adopter ?
[Coran 2:191] (...) L'oppression est pire que le meurtre.
[Coran 2:217] (...) L'oppression est pire que le meurtre.
[Coran 2:193] Vous pouvez aussi les combattre pour éliminer l'oppression et adorer Dieu librement. S'ils s'abstiennent, vous n'agresserez pas ; l'agression n'est permise que contre les agresseurs.
L'oppression exercée par l'école et notre société n'est pas un mythe et est bel et bien réelle. Ce n'est donc pas un euphémisme et le lien avec les versets cités précédemment est tout à fait à propos. De plus, le dernier verset nous montre qu'il est de notre devoir de combattre l'oppression afin de vouer librement notre adoration à Dieu seul. Cette servitude est délétère et Dieu souligne même qu'elle est pire que le meurtre. Il est donc important de se rendre compte que la pression exercée par notre société n'est pas légitime.
Aussi, ce traditionalisme du monde académique n'est pas une vue de l'esprit. Effectivement, toutes nouvelles formes d'éducation est vue comme illégitime ou usurpatoire. Un des exemples frappants est l'expérience menée par une ancienne institutrice de l'Education Nationale (France), Céline Alvarez, entre 2011 et 2014 dans une école défavorisée à Gennevilliers (France). Le but était de tester une nouvelle approche pédagogique respectant les lois naturelles du développement de l'enfant. Cependant, sans donner de raisons officielles claires, le Ministère de l'Education Nationale a demandé l'arrêt de l'expérimentation et la fermeture de l'établissement. Céline Alvarez a donc été contrainte d'arrêter son expérience malgré des résultats plus que concluants (résultats des trois années).
Cet évènement montre bien à quel point ce « conservatisme académique » a encore de beaux jours devant lui, alimenté sans doute par la pression de la société qui perçoit « tout changement comme ridicule et/ou dangereux ». (Citation : Idriss Aberkane). En effet, cette pression tacite de la société qui est exercée dans notre système éducatif est bien présente ; tous le monde accepte les règles du jeu même si nous savons que les dés sont pipés dès le départ...
Je ne peux alors m'empêcher de faire le lien
avec le verset 25 de la sourate 29 :
[Coran 29:25] Il dit : « Vous adorez à côté de Dieu d'impuissantes idoles à cause de la pression sociale, juste pour préserver quelques amitiés entre vous dans cette vie d'ici-bas. Mais ensuite, au Jour de la Résurrection, vous vous désavouerez les uns les autres, et vous vous maudirez les uns les autres. Votre destinée est l'Enfer, où vous ne pourrez pas vous aider les uns les autres. »
Nous savons du Coran qu'il n'y a nulle contrainte en religion et que l'oppression est pire que le meurtre. Comment peut-on alors accepter cette mainmise de la société sur l'éducation ? Il est plus qu'urgent de réexaminer notre système d'éducation. Comme nous l'avons vu précédemment, l'école a été pensée afin de répondre aux enjeux du XIXème siècle. Mais nous sommes au XXIème et il est impératif de revoir nos priorités si nous voulons voir nos enfants épanouis, droits dans leurs bottes, libres et affranchis du conformisme imposé par notre société.
Cependant, en tant que croyant en Dieu seul, nous avons un avantage ; Dieu et sa parole prouvée. Le Coran est riche en enseignements et ce, dans tous les aspects de la vie.
Si Dieu nous commande qu'il n'y aura nulle contrainte en religion, que « la bonne voie est maintenant distincte de la mauvaise voie » (sourate 2 verset 256), qu'Il nous enseigne qu'il n'est pas possible de forcer les gens à croire et que Dieu seul guide, et que, par conséquent, nous-mêmes nous nous interdisons d'exercer la moindre contrainte sur autrui (même si nous savons que la voie vers Dieu seul est ce qu'il y a de mieux pour nous, comme pour eux), pourquoi permettons-nous alors à notre société de tordre les esprits de nos enfants, sous prétexte que la majorité sait mieux ce qui est bon pour eux ?[Coran 10:99] Si ton Seigneur avait voulu, tous les gens sur terre auraient cru. Est-ce que tu veux forcer les gens à devenir des croyants ?
[Coran 11:28] Il dit : « Ô mon peuple, et si j'ai une preuve solide de la part de mon Seigneur ? Et s'Il m'a béni par Sa miséricorde, bien que vous ne puissiez pas le voir ? Allons-nous vous forcer à croire en ceci ?
[Coran 31:15] S'ils essayent de te forcer à ériger la moindre idole à côté de Moi, ne leur obéis pas. (...)
[Coran 6:116] Si tu obéis à la majorité des gens sur terre, ils te feront dévier du chemin de Dieu. Ils ne suivent que des conjectures ; ils ne font que supposer.
[Coran 2:148] Chacun de vous choisit la direction à suivre ; vous rivaliserez dans la voie de la droiture. Où que vous puissiez être, Dieu vous convoquera tous. Dieu est Omnipotent.
Dans ce dernier verset, Dieu nous donne le choix de la direction à suivre concernant la religion. S'Il nous laisse ce degré de liberté, nous avons alors, à fortiori, le droit, de choisir la direction à suivre concernant l'éducation ! S'il n'y a nulle contrainte en religion, il n'y aura nulle contrainte en éducation !
Les plus sublimes des exemples !
[Coran 16:60] Ceux qui ne croient pas en l'Au-delà montrent les pires exemples, tandis qu'à Dieu appartiennent les exemples les plus sublimes. Il est le Tout-Puissant, le Plus Sage.
Pourquoi alors ne pas reproduire la manière que Dieu et Ses messagers nous ont enseigné/enseignent la Vraie Religion, qui est le savoir par excellence et le plus important de tous ?
[Coran 55:1] Le Tout Miséricordieux.
[Coran 55:2] Enseignant du Qoran.
[Coran 13:7] (...) Tu es simplement un avertisseur - chaque communauté reçoit un enseignant guide.
L'importance de la guidance de l'adulte
D'après les sciences du développement humain, l'enfant a besoin de la guidance de l'adulte pour se construire ; « l'enfant possède un logiciel d'apprentissage extrêmement performant, mais il a besoin de l'autre pour le faire fonctionner » (cité dans Les lois naturelles de l'enfant) Le rôle et la posture de l'adulte sont donc déterminantes dans la construction de l'adulte en devenir. Il n'est donc pas question de laisser les enfants livrés à eux-mêmes, sans guide et sans repères. Il s'agit de leur offrir au contraire un environnement riche et adapté et de les accompagner et de les guider avec bienveillance dans leur développement.
[Coran 33:45] Ô prophète, nous t'avons envoyé comme témoin, porteur de la bonne nouvelle, aussi bien qu'avertisseur.
[Coran 33:46] Invitant à Dieu, conformément à Sa volonté, et un phare qui guide.
[Coran 2:272] Tu n'es pas responsable de guider qui que ce soit. Dieu est le seul qui guide quiconque choisit (d'être guidé) (...).
Ce dernier verset nous enseigne quelque chose de très important : même si nous soutenons nos enfants en étant un phare et guide, la guidance finale revient à Dieu. Ce qui est valable pour la religion est valable dans tous les domaines !
Nous devons nous comporter comme l'exemple du messager : nous devons offrir notre aide et délivrer les enseignements. Le reste, appartient à Dieu. Nous revenons alors au point de départ : en aucun cas, Dieu force les gens à croire en Lui et en ses Ecritures ; la liberté de choix est donc totale !
Education bienveillante : que nous enseigne le Coran ?
Il parait évident que la bienveillance est un élément important dans l'éducation. Cette bienveillance nous semble indiscutable et n'est pas remise en question. Mais quand nous voyons les contraintes imposées aux enfants, soi-disant pour leur bien, nous voyons que nous basculons petit à petit dans le dressage. Nous apprenons du Coran, qu'il est important d'adopter une attitude bienveillante si nous voulons prêcher la parole de Dieu. Attitude que nous devons aussi adopter envers les enfants.
[Coran 3:159] C'était une miséricorde de Dieu que tu sois devenu compatissant envers eux. Si tu avais été sévère et que tu avais eu le cœur dur, ils t'auraient abandonné (...).
Dans ce verset, le mot لِنْتَ (translittération : « linta ») a été traduit par compatissant. D'après le Dictionary of Qur'anic Usage (2008) [1], « linta » veut dire plus spécifiquement être aimable, indulgent, doux ou encore tendre. Autant d'adjectifs engageants qui caractérisent les traits d'un soumis.
Même dans le cas où la personne est supposée condamnée d'avance (comme l'exemple de Pharaon), nous devons toujours être bienveillants et conciliants.
[Coran 20:44] « Parlez-lui gentiment ; il se peut qu'il prenne considération, ou devienne révérend. »
Dans ce verset Dieu commande à Moïse, de s'entretenir avec Pharaon d'une manière pacifiste. Ainsi, nous comprenons ici qu'il ne faut pas avoir de jugements hâtifs et ne pas directement condamner, même dans ce cas extrême. Adoptons une attitude bienveillante et ne stigmatisons pas avant d'avoir répondu de la meilleure manière. Malheureusement nous avons tendance à nous comporter comme des incriminateurs ; nous enfermons nos enfants dans des jugements de valeurs sans voir l'enfant dans sa capacité à changer. Comme l'exemple d'un enseignant qui reprocherait constamment à un enfant d'être toujours bruyant ou bien paresseux. Cette attitude est destructrice et nous devons faire attention à utiliser les bons mots !
[Coran 14:24] Ne vois-tu pas que Dieu a cité l'exemple de la bonne parole comme un bon arbre dont les racines sont fermement fixées et les branches sont hautes dans le ciel ?
Nous comprenons ici la puissance de la bonne parole et ses effets incroyables sur la vie des personnes. En effet, nous pouvons observer qu'il existe une augmentation des capacités d'apprentissage chez l'enfant si nous lui donnons beaucoup d'amour et le traitons avec douceur et gentillesse. Comme elle l'explique très justement dans son livre, Céline Alvarez montre que « l'empathie, le lien social positif entre les êtres, les comportements altruistes et généreux favorisent le développement de nouveaux neurones et augmentent les connexions synaptiques. (...) Lorsque nous avons une attitude bienveillante, chaleureuse, affectueuse avec l'enfant, les neurones de son hippocampe foisonnent alors de nouvelles connexions neuronales : sa mémoire, ainsi que ses capacités d'apprentissages se développent de façon considérable » (Les lois naturelles de l'enfants, p.122-123). Louanges à Dieu Seigneur de l'univers !
A l'inverse, la violence, les réprimandes, tous ce qui est anti-coranique, sont autant de facteurs qui peuvent détruire un enfant et est contre-productif. Comme nous l'enseigne le Coran :
[Coran 14:26] Et l'exemple de la mauvaise parole est celle d'un mauvais arbre coupé au niveau du sol ; il n'a pas de racines pour le maintenir debout.
[Coran 7:58] La bonne terre produit facilement ses plantes par la permission de son Seigneur, tandis que la mauvaise terre ne produit presque rien de bon. Nous expliquons ainsi les révélations pour les gens qui sont reconnaissants.
Selon le Dr Gueguen, « un stress important dans la petite enfance agit sur le cortex préfrontal et peut entraîner une destruction des neurones. Il entrave alors sa maturation et diminue son volume ».
Nous n'avons alors plus d'excuses de recourir aux punitions, de devenir menaçant ou encore d'élever la voix pour obtenir obéissance. Hausser le ton : nous avons tous tendance à le faire, surtout lorsque la situation nous dépasse. Dieu nous commande cependant d'abaisser la voix et souligne même que la voix la plus laide est celle de l'âne. Sans doute parce que nous ne supportons pas les sons trop bruyants comme le braiment caractéristique de l'âne.
L'importance de l'exemplarité
Un autre point important à aborder et qui est non-négligeable est : l'exemplarité. Nous savons à quel point il est fondamental d'être exemplaire dans notre façon d'être si nous voulons voir chez nos enfants les vertus que nous défendons. Un bon exemple venant du Coran :
[Coran 2:44] Exhortez-vous les gens à être droits, tout en vous oubliant vous-mêmes, alors que vous lisez l'Écriture ? Ne comprenez-vous pas ?
Un autre verset traitant de l'importance de l'exemplarité est le cas des épouses du prophète Mohammed :
[Coran 33:32] Ô épouses du prophète, vous n'êtes pas pareilles aux autres femmes, si vous observez la droiture. (Vous avez une plus grande responsabilité.) Donc, vous ne parlerez pas trop doucement, pour que ceux qui ont une maladie dans leurs cœurs ne puissent pas avoir les mauvaises idées ; vous ne parlerez que la droiture.
[Coran 33:33] Vous vous installerez dans vos maisons, et ne vous mêlez pas aux gens excessivement, comme vous le faisiez aux anciens jours de l'ignorance. Vous observerez les Prières de Contact (Salat), et donnerez la charité obligatoire (Zakat), et obéirez à Dieu et Son messager. Dieu souhaite retirer de vous toute impureté, Ô vous qui vivez autour du Tabernacle Sacré, et vous purifier complètement.
L'âge crucial des deux ans
Nous ne pouvons pas aborder le thème
de l'éducation sans parler des différentes phases de développement chez
l'enfant. Bien que la période de l'enfance soit importante dans la construction
du futur adulte en devenir, nous allons nous attarder sur la phase dite
«critique» des deux ans. Comme nous l'enseigne encore une fois le
Coran, la mère se doit de porter assistance à son enfant et plus intensivement
les deux premières années de sa vie.
[Coran 31:14] Nous avons enjoint à l'être humain d'honorer ses parents. Sa mère l'a porté, et la charge est devenue de plus en plus lourde. Cela prend deux années (de soin intensif) jusqu'au sevrage. Tu seras reconnaissant envers Moi, et envers tes parents. À Moi est l'ultime destinée.
Ici, le Dr Rashad Khalifa nous éclaire qu'il s'agit de « soin intensif » (jusqu'au sevrage). Ce qui confirme nos connaissances actuelles. En effet, « les experts du développement de l'enfant sont aujourd'hui très clairs : les deux premières années sont réellement capitales. C'est lors de cette période que l'être humain pose l'essentiel des fondations de son intelligence. (...) Le cerveau de l'enfant traverse des fenêtres sensibles de spécialisation : certaines connexions seront fortement renforcées et d'autres seront drastiquement éliminées. Lorsque le jeune être humain fête ses deux ans, son cerveau a déjà eu le temps non seulement d'emmagasiner une quantité extraordinaire d'expériences, mais également de sélectionner les plus fréquentes (...) C'est une période critique après laquelle certaines grandes fondations sont établies et deviennent ensuite de plus en plus difficiles à remodeler » (cité dans Les lois naturelles de l'enfant de Céline Alvarez).
Cette dernière information est capitale : l'enfant ne va sélectionner que les informations qu'il aura régulièrement reçues durant ces deux premières années de sa vie. Ainsi, si nous n'apportons pas un soin intensif et continu pendant cette phase sensible, comme il est recommandé dans le Coran, les conséquences peuvent être désastreuses. C'est le cas de l'expérience des enfants des orphelinats de Bucarest. Pour rappel ces enfants ont été abandonnés dans des orphelinats ayant reçu uniquement des soins de bases (nourriture et bain). Livrés la plupart du temps à eux-mêmes, sans la moindre attention ou affection, les enfants ne recevaient aucune considération de la part des soignants. Les conséquences furent terribles : beaucoup présentaient des séquelles psychologiques et même physiques. Cependant, les enfants de moins de deux ans qui ont réussi à être placés dans des foyers d'accueil aimants et chaleureux ont pu faire preuve de résilience ; le cerveau dispose encore de ressources pour se réorganiser et se réparer.
Il n'y avait pas ou peu de différences avec les autres enfants ayant reçu une éducation heureuse. Les enfants de plus de deux ans n'ont malheureusement pas eu cette chance ; ils présentaient des séquelles importantes.
Encore une fois, notre mission en tant qu'adultes est de protéger les enfants en leur apportant un soin continu et en essayant de ne pas verser dans la maltraitance aussi infime soit-elle. En effet, nous avons vu tout au long de cette étude l'importance de la bonne parole ; faire des reproches, blâmer ou encore rabaisser les enfants est destructeur.
Conclusion
Le Coran regorge d'enseignements essentiel à notre salut, et ce dans tous les aspects de la vie. Nous avons pu constater que la manière dont nous traitons les enfants, plus particulièrement à l'école, n'est pas du tout en adéquation avec les valeurs du Coran. Aussi, faire preuve de bienveillance et de douceur dans l'éducation de nos enfants est indispensable. Il est de notre devoir d'être attentif à ne pas verser dans la haine ou la colère, même si nous avons toutes les raisons du monde de nous emporter. Il nous faut donc faire preuve de patience, de mettre nos egos de côté, être moins égoïstes et de pardonner. Comme nous le commande à nouveau le Coran !
[Coran 16:127] Tu recourras à la patience - et ta patience n'est atteignable qu'avec l'aide de Dieu. N'aie pas de peine pour eux, et ne sois pas ennuyé par leurs intrigues.
[Coran 42:43] Recourir à la patience et au pardon reflète une vraie force de caractère.
[Coran 2:54] Rappelez-vous que Moïse dit à son peuple : « Ô mon peuple, vous avez fait du tort à vos âmes en adorant le veau. Vous devez vous repentir auprès de votre Créateur. Vous tuerez vos egos. Ceci est meilleur pour vous au regard de votre Créateur. » Il vous a rachetés. Il est le Rédempteur, le Plus Miséricordieux.
[Coran 4:128] L'égoïsme est un trait humain et si vous faites le bien et menez une vie droite, Dieu est entièrement Connaissant de tout ce que vous faites.
[Coran 12:53] « Je ne plaide pas l'innocence pour moi-même. Le moi est un avocat du vice, excepté pour ceux qui ont atteint la miséricorde de mon Seigneur. Mon Seigneur est Pardonneur, le Plus Miséricordieux. »
[Coran 43:37] Ils évitent les péchés graves et le vice, et quand ils se sont mis en colère, ils pardonnent.
Référence(s) :
[1] HdO Dictionary of Qur'anic Usage by
Elsaid M. Badawi and Muhammad Abdel Haleem. Edition Brill 2008